Ce sont des matchs particuliers. A croire qu'ils ne sont pas faits pour être regardés par le public. Nadal et Ferrer se connaissent par cœur et ils ont leurs secrets. Ils se défiaient pour la nième fois ce dimanche à Monte-Carlo.
Un tiers physique, un tiers technique, un tiers mental. Voilà le tennis, selon Yannick Noah. Ce dimanche à Monte-Carlo, le mental a parlé aussi fort que dans un cours de yoga. Nadal domine légèrement Ferrer au point de vue technique et physique (et encore, c'est oublier un peu vite le jeu de jambes hallucinant de Ferrer, sa capacité à multiplier les petits pas pour ajuster son placement et prendre la balle tôt, beaucoup plus tôt que Nadal, afin de surprendre son adversaire et pour gagner du temps sur lui). Mais le match s'est joué au mental, comme chacune de leurs confrontations.
Je crois que c'était la 17ème fois qu'ils s'affrontaient sur le circuit ATP. Et, sauf exception, c'est Nadal qui gagne, toujours. Sauf quand il est malade ou blessé. Et sa domination a fait naître chez son malheureux challenger un complexe d'infériorité.
Cela s'est vu dimanche : à chaque fois que le bras de fer s'est engagé et que Ferrer pouvait prendre l'ascendant sur un Nadal un peu entamé par son marathon de la veille contre Andy Murray, eh bien, Ferrer a commis des fautes directes inhabituelles, signes de sa nervosité. Nadal a souffert de la cadence infernale que Ferrer imprimait à l'échange et surtout de sa prise de balle précoce (en particulier sur les revers croisés court), mais Ferrer, obnubilé par l'image de celui qui l'a toujours battu, a surjoué les points importants. Peur de la vitesse de Nadal. Peur de ses foudroyantes contre-attaques. Peur qui a poussé Ferrer à la faute ou bien qui, sans lui faire commettre d'erreur, l'a empêché d'élever son niveau de jeu aussi haut que d'habitude.