Fini le shop laser de Steffi Graf. Envolé, le jeu de jambes aérien de Chris Evert. Les montées au filet de Navratilova. Il y a peu de temps encore, le tennis féminin offrait des oppositions de style que les garçons leur enviaient. Mieux encore, le tennis féminin dans son ensemble était différent. Quand elles jouaient, on avait presque l'impression de voir un autre sport. Car les filles n'avaient pas la puissance des hommes et elles pratiquaient un jeu baroque, riche en glissements, en dentelles et en ornements. Elles variaient les trajectoires, les effets et les poisons de leurs jupes... sans condescendance aucune, il est légitime de dire qu'on approchait du langage des fleurs.
Cette époque est finie. Et ne me dites pas que je suis un macho, ou un vieux réac' qui vous ressert le fameux c'était mieux avant. Car c'était mieux avant, un point c'est tout.
Aujourd'hui le tennis féminin n'en porte plus que le nom. Je ne m'attarderais pas sur l'apparence physique des joueuses en 2011, ni autour de leurs épaules, ni près de leurs cuisses grosses comme des Panzer. Passons. Ce qui pose problème, ce que leur jeu a disparu. Elles ont cédé aux sirènes de la puissance (c'est la faiblesse des femmes, ce truc. Faiblesse devant le pouvoir, faiblesse devant la force...). On retrouve sur le circuit WTA les mêmes séquences, les mêmes enchaînements, les mêmes stratégies que chez les hommes. En un peu moins fort, biologie oblige (mais pour combien de temps?). Serena Williams sert au-delà des 200 km/h. Et le tennis des femmes étouffe de son uniformisation. Une première balle à 200 km/h et une claque de coup droit dans le côté opposé, comme chez les garçons (ne vous inquiétez pas, je vais m'occuper d'eux tout à l'heure).
Signalons tout de même l'exception Justine Henin. Merci, Justine, pour cette virtuosité technique et tactique, merci pour le style... Quel dommage que vous soyez partie.